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Souvenir d’esclaves et mémoire d’esclavage

Souvenir d’esclaves et mémoire de l’esclavage Gracia
Source : Louis Catat, 1890

Historiquement, la pratique de l’esclavage remonte à l’Antiquité. Les esclaves sont les prisonniers de guerre, les plus pauvres de la société, les descendants d’esclaves ou même des hommes libres déchus ayant commis des crimes. Pour l’Afrique, c’est une pratique préexistante qui fait partie de la culture. Mais suite à l’arrivée des étrangers, la traite transatlantique, arabo-musulmane et orientale ont eu lieu : certains groupes ethniques, étant motivés par des facteurs économiques et politiques, sont les fournisseurs d’esclaves.  Ces  esclaves font l’objet de commerce, surtout au XVIIIème siècle. Par exemple, en 1741, un esclave malgache valait 2 mousquets, 12 livres de poudre, 5 livres de plomb et 30 pierres à fusils.

Grâce aux divers mouvements nationalistes du XXème siècle, avec l’ouverture de l’ère de commémoration, nombreux sont les écrivains qui ont permis aux générations successives de connaître cette histoire à travers leurs ouvrages. Certes, les archéologues ont pareillement joué un important rôle dans le maintien de l’histoire depuis les années 2000[1]. Les traces matérielles laissées par les populations asservies nous informent sur les conditions de vie de ces esclaves. Les fouilles archéologiques sur l’île Tromelin, menées par le Groupe de Recherche en Archéologie Navale (GRAN) entre 2006 à 2013, en font un bon exemple. Cela a permis d’illustrer la vie des esclaves malgaches à partir du moment où le navire qui les avait transporté a naufragé sur les environs de l’île[2]. Les études ont révélé qu’il s’agit d’une organisation sociale originale qui a été redécouverte grâce aux recherches archéologiques. Tromelin est très vulnérable aux tempêtes et cyclones vu sa topographie plane. Les sables ont cachés les vestiges d’implantation des rescapés. Et c’est à l’issu des 3 campagnes de fouilles successives que l’équipe du GRAN a découvert les trésors archéologiques : 1500 objets ont été dénichés et 12 bâtiments étudiés, des restes de faunes ont donné des indices sur l’alimentation des esclaves et on a pu même découvrir des ossements humains. On peut interpréter que ces naufragés ont bien exploité les ressources existantes sur l’île vu les vestiges découverts : on a trouvé des constructions en bloc de corail, des débris de coquilles d’œufs de tortues de mer et d’oiseaux, et aussi un puits. En 1956, les français ont utilisé les restes de substructures pour de la construction de la station météorologique. Les fouilles sous-marines ont ostensiblement montré les restes du navire et les différents ustensiles de survie des esclaves. En outre, les rites funéraires  méritent aussi une attention particulière.

Les pratiques funéraires des esclaves varient en fonction du contexte socio-culturel. Mais en général, ils sont enterrés dans des lieux distincts des hommes libres et ont été exclus de la société. On les a privées des sépultures et des bénédictions religieuses qui ne sont réservées que pour les libres. Les esclaves mauriciens sont inhumés et entassés dans une grande fosse commune appelée Cimetière des Noirs. Tandis que les esclaves malgaches Zazamanga[3]  ont des tombeaux catégorisés : (1) lavaka ou fosse individuelle isolée pour les pauvres et sans famille, (2) dongon-tany ou fosse commune familiale avec murs et couverture en pierre, et (3) fasam-bato ou tombeau de pierre visible en surface avec un à deux mètres de haut pour ceux qui ont déjà été libérés.

Au début du XVIIIème siècle, on a remis en question l’esclavage. Pour l’île Maurice, cette pratique a été abolie en 1835.  On y commémore cet évènement

[1] Au premier rang, on peut citer Aimé Césaire (1930)

[2] Le navire, nommé Utile, s’est naufragé en 176. C’est en 1776 que l’enseigne de vaisseau, nommé Tromelin, est venu sur l’île pour sauver les esclaves oubliés (8 survivants dont 7 femmes et 1 bébé de 8mois)

[3] Les Zazamanga sont des descendants des Makoa ou bien les esclaves provenant de Mozambique

BIBLIOGRAPHIE

Bonniol Jean-Luc. 1992. La couleur comme maléfice. Une illustration créole de la généalogie des «Blancs » et des « Noirs ». Paris : Albin Michel, Consulté le 10 Mars 2024

Chivallo Christine. 2002. « L’émergence récente de la mémoire de l’esclavage dans l’espace public : enjeux et significations ». Paris : Cahiers d’histoire, Consulté le 10 Mars 2024

Deschamps Hubert. 1961. Histoire de Madagascar. Saint-Denis : Berger-Levrault, Consulté le 18 Mars 2024 Razafiarivony Michel. 2005. Les descendants des anciens esclaves importés d’Afrique à Madagascar : Traditions et réalités. Antananarivo : Journal of Asian and African studies

WEBOGRAPHIE

Courtaud Patrice. 2013. Le cimetière comme miroir de l’esclavage : approche archéologique. Le cimetière d’Anse Sainte-Marguerite (Guadeloupe). Les patrimoines de la traite négrière et de l’esclavage. Paris : OpenEdition, in https://www.journals.openedition.org/insitu Consulté le 11 Mars 2024


Delpuech André, Jacob Jean Paul. 2020. Archéologie de l’esclavage colonial. Paris : reprint in https://www.cairn.info/archeologie-de-l-esclavage-colonial Consulté le 10 Mars 2024 Tocqueville. 1961. De la démocratie en Amérique. Paris : Gallimard, in https://www.cairn.info/de-la- democratie-en-amerique consulté le 10 Mars 2024

Reste de l’épave du navire « Utile » ayant naufragé aux alentours de l’île Tromelin en transportant les esclaves malgaches

Source : Geraint Rowland Photography, 2022

Les fouilles archéologiques sur l’île Tromelin, menées par le Groupe de Recherche en Archéologie Navale (GRAN) entre 2006 à 2013, en font un bon exemple. Cela a permis d’illustrer la vie des esclaves malgaches à partir du moment où le navire qui les avait transporté a naufragé sur les environs de l’île. Les études ont révélé qu’il s’agit d’une organisation sociale originale qui a été redécouverte grâce aux recherches archéologiques. Tromelin est très vulnérable aux tempêtes et cyclones vu sa topographie plane. Les sables ont cachés les vestiges d’implantation des rescapés.


Et c’est à l’issu des 3 campagnes de fouilles successives que l’équipe du GRAN a découvert les trésors archéologiques : 1500 objets ont été dénichés et 12 bâtiments étudiés, des restes de faunes ont donné des indices sur l’alimentation des esclaves et on a pu même découvrir des ossements humains. On peut interpréter que ces naufragés ont bien exploité les ressources existantes sur l’île vu les vestiges découverts : on a trouvé des constructions en bloc de corail, des débris de coquilles d’œufs de tortues de mer et d’oiseaux, et aussi un puits. En 1956, les français ont utilisé les restes de substructures pour de la construction de la station météorologique. Les fouilles sous-marines ont ostensiblement montré les restes du navire et les différents ustensiles de survie des esclaves. En outre, les rites funéraires méritent aussi une attention particulière.

Les fouilles archéologiques sur l’île Tromelin, menées par le Groupe de Recherche en Archéologie Navale (GRAN) entre 2006 à 2013, en font un bon exemple. Cela a permis d’illustrer la vie des esclaves malgaches à partir du moment où le navire qui les avait transporté a naufragé sur les environs de l’île. Les études ont révélé qu’il s’agit d’une organisation sociale originale qui a été redécouverte grâce aux recherches archéologiques. Tromelin est très vulnérable aux tempêtes et cyclones vu sa topographie plane. Les sables ont cachés les vestiges d’implantation des rescapés.


Et c’est à l’issu des 3 campagnes de fouilles successives que l’équipe du GRAN a découvert les trésors archéologiques : 1500 objets ont été dénichés et 12 bâtiments étudiés, des restes de faunes ont donné des indices sur l’alimentation des esclaves et on a pu même découvrir des ossements humains. On peut interpréter que ces naufragés ont bien exploité les ressources existantes sur l’île vu les vestiges découverts : on a trouvé des constructions en bloc de corail, des débris de coquilles d’œufs de tortues de mer et d’oiseaux, et aussi un puits. En 1956, les français ont utilisé les restes de substructures pour de la construction de la station météorologique. Les fouilles sous-marines ont ostensiblement montré les restes du navire et les différents ustensiles de survie des esclaves. En outre, les rites funéraires méritent aussi une attention particulière.

WEBOGRAPHIE

Figure 2 : Reste de l’épave du navire « Utile » ayant naufragé aux alentours de l’île Tromelin
en transportant les esclaves malgaches
Source : Geraint Rowland Photography, 2022


Figure 3 : Femmes Makoa
Source : Louis Catat, 189