Indianoceania

Unité, diversité et
circulation des
populations dans
l’Océan Indien

La Traite négrière de la Côte orientale de l’Afrique vers Bourbon au XVIIIème siècle

Source : Le Mauricien, 2022

L’histoire des populations de l’Océan Indien est complexe, naissant par la suite de diverses migrations humaines, des échanges commerciaux et culturels ainsi que la colonisation. A partir d’environ 2000 ans av. J.-C., les austronésiens sont les premiers à tracer des routes maritimes grâce aux vents et courants réguliers reliant l’Asie et l’Afrique. Depuis le VIIème et le VIIIème siècle, la partie Est de l’Afrique a été une zone de commerce pour les Arabes et les Perses. D’où ils ont établi des colonies, pour en faire des points de vente fixe, sur le long des côtes orientales africaines, de Comores et de Madagascar[1]. Ces derniers ont accueilli des migrants précoloniaux tandis que les Mascareignes et les Seychelles sont restés à l’écart jusqu’au XVIème siècle, l’époque avec laquelle les européens ont commencé à explorer l’Océan Indien.

Le premier point commun des îles de l’Océan Indien réside dans les origines de leurs ancêtres ; il s’agit des asiatiques, des africains, des arabes et des européens. Les asiatiques sont les Austronésiens[2], les Indonésiens et les Malaisiens qui ont apporté avec eux leurs langues, leurs cultures et leurs divers savoir-faire. Ils sont venus avec des plantes alimentaires telles que le riz, l’igname, la banane, ainsi que diverses techniques agricoles comme la riziculture en terrasse. Ensuite, les Arabes et les Perses ont établi des comptoirs de commerce dans toutes les îles de l’Océan Indien, des esclaves en provenance d’Afrique font partie de leurs objets de vente. A part cela, ils ont aussi appris l’astrologie[3] et apporté leur religion. Quant à eux, les africains sont originaires du Gabon, Centrafrique et Afrique du Sud, appelés Bantous. Leur migration est due principalement au commerce des esclaves qui a été mis en vigueur, surtout au XVIIIème siècle, à partir de la traite transatlantique, arabo-musulmane et orientale. Arrivés à destination, ces esclaves sont amenés à faire des travaux agricoles, les exploitations minières et maritimes. Ils ont alors amené de nouvelles techniques, surtout avec l’élevage bovin et les cultures vivrières. Et les européens s’agissent notamment des Portugais[4], des Néerlandais, des Français et des Britanniques. C’est à partir du XVIème siècle qu’ils ont exploré et puis colonisé l’Océan Indien et ses alentours. Jusqu’au XXème siècle, les populations de l’Océan Indien, étant colonisées, sont les fournisseurs de main d’œuvre et des produits agricoles pour ces européens[5]. La majorité des esclaves sont originaire de Madagascar et de l’Afrique orientale. La carte (figure 1) que nous avons ici présente le trajet parcouru par ces esclaves[6].

Des migrants, d’origines confondues, ont formé des sociétés multiculturelles : l’Océan Indien est devenu comme un foyer de culture et de civilisation. Nombreux sont les similarités culturelles qu’on peut observer dans chaque île, comme le cas des traditions funéraires par exemple. Les sociétés à Mayotte comme à Rodrigues pratiquent les mêmes traditions telles que les rites funéraires, les cérémonies de deuil et les entretiens de tombeaux sont des évènements collectifs dont l’objectif est de consolider les liens familiaux et sociaux. Pour Madagascar, les recherches archéologiques ont contribué à la découverte des vestiges des premières migrations. Des cimetières islamiques ont été découverts dans le Nord-Ouest de l’île[7], datant du Xème siècle, et témoignant la période de la civilisation swahili-malgache.

[1] « On fixe au VIIème ou au VIIIème siècle la date probable de leur apparition dans la Grande Ile » (Cf. RP Malzac, Histoire du royaume Hova depuis ses origines jusqu’à sa fin, p. 5)

[2] Les peuples de l’Asie du Sud-Est, notamment de la Mélanésie, la Polynésie et la Micronésie

 

[3] Comme le « Sorabe » chez les Antemoro de Madagascar

[4] Les Portugais sont parmi les premiers européens à établir des comptoirs commerciaux dans l’Océan Indien, suivis par d’autres puissances européennes qui ont cherché à contrôler les routes commerciales stratégiques et les ressources naturelles des îles

[5] Cultures tropicales comme le café, la canne à sucre, le girofle

[6] Kwang Poon : « De la côte Est de Madagascar vers l’île Bourbon ou Isle de France, il fallait compter plus ou moins une semaine en voilier. De Mascareignes pour atteindre les côtes Est de l’Afrique (…), il fallait compter au minimum deux semaines en fonction de la distance ». Certains sont même déportés en Europe pour des travaux de grandes constructions.

[7] A Katsepy et à Nosy Lava

 

La famille austronésienne
Source : Jacques Leclerc, 2005

BIBLIOGRAPHIE

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Liste des figures

Figure 1 : La Traite négrière de la Côte orientale de l’Afrique vers Bourbon  au XVIIIème siècle

Source : Le Mauricien, 2022

 

Figure 2 (note de fin) : La famille austronésienne

Source : Jacques Leclerc, 2005